Crimée: le triomphe de Poutine
par Israël Adam Shamir
http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art1551
Personne ne s'attendait à ce que les choses bougent à une
vitesse pareille. Les Russes prenaient leur temps; ils avaient l'air d'être au
spectacle, tandis que les troupes d'assaut des Bruns s'emparaient de Kiev, et au
spectacle tandis que Victoria Nuland et son pote Yatsenyuk, dite Yats, se
tapaient dans le dos et se congratulaient pour leur victoire en deux temps trois
mouvements. Au spectacle toujours, tandis que le président Yanukovich sauvait sa
peau en se réfugiant en Russie. Ils ont regardé les bandes brunes se déplacer
vers l'Est pour aller menacer les Russophones au Sud-Est. Ils ont écouté
patiemment Mme Timochenko, fraîchement relâchée des geôles, promettre de
désavouer les traités signés avec les Russes et de chasser la Flotte russe en
Mer Noire de Sébastopol, leur port principal. Ils n'ont pas bronché quand le
nouveau gouvernement a embauché des oligarques pour gouverner les provinces de
l'Est. Ils ne réagissaient toujours pas quand les écoliers ukrainiens ont reçu
l'ordre de chanter: "Les Russkoffs on les pendra, haut et court on les pendra",
à quoi répondait le représentant du gouverneur oligarque qu'il promettait de
pendre tout Russe mécontent à l'Est dès que la Crimée serait pacifiée. Tous ces
funestes événements se déroulaient sous ses yeux, et Poutine gardait le silence.
C'est un animal à sang froid, ce Poutine. Tout le monde, y
compris votre serviteur, se disait qu'il était bien négligent, alors que
l'Ukraine s'effondrait. Il attendait son heure, il patientait. Les Russes ont
fait quelques pas hésitants, au ralenti, presque furtivement. Les marines que la
Russie avait basés en Crimée en vertu d'un accord international (tout comme les
US ont des marines à Bahreïn) sécurisaient les aéroports et les barrages
routiers, apportaient des renforts aux volontaires de la milice, qui s'appellent
Force d'autodéfense de la Crimée, mais restaient à couvert. Le parlement criméen
assurait son autonomie et promettait un plébiscite un mois plus tard. Et puis
tout s'est brusquement accéléré.
Le référendum a été avancé au dimanche 16 mars. Avant même, le
parlement proclamait l'indépendance de la Crimée. Les résultats ont été
spectaculaires: 96% de oui en faveur du rattachement à la Russie; avec un taux
de participation exceptionnellement élevé, plus de 84%. Non seulement les Russes
ethniques, mais les Ukrainiens de souche et les Tatars ont également voté pour
la réunification avec la Russie. Un referendum symétrique en Russie donnait plus
de 90% de voix en faveur de la réunification avec la Crimée, malgré les
avertissements effrayants des libéraux: "cela va coûter trop cher, les sanctions
vont ruiner l'économie ruse, les US vont bombarder Moscou", etc.
Même à ce moment, la majorité des experts et commentateurs
décisifs s'attendaient à ce que la situation reste bloquée pendant un bon
moment. Les uns pensaient que Poutine pourrait reconnaître l'indépendance de la
Crimée, tout en calant sur un statut définitif, comme il l'avait fait pour
l'Ossétie et l'Abkhazie après la guerre d'août 2008 avec Tbilissi. D'autres,
tout particulièrement les libéraux russes, étaient convaincus que Poutine
lâcherait la Crimée pour sauver les investissements russes en Ukraine.
Mais Poutine a corroboré le proverbe russe: les Russes sont
lents à seller leurs montures, mais une fois dessus, ils sont rapides comme la
foudre. Il a reconnu l'indépendance de la Crimée le lundi, l'encre des procès
verbaux électoraux n'avait pas fini de sécher. Le lendemain, mardi, il
réunissait tous les parlementaires et vieux renards de la politique dans le plus
grand salon du Kremlin, la somptueuse et élégante galerie Saint-Georges,
rutilante de sa gloire impériale de jadis, tout juste restaurée, et il déclarait
que la Russie acceptait la demande de réunification de la Crimée. Aussitôt après
son discours, le traité entre Russie et Crimée était signé, et la presqu'île
était rendue à la Russie comme avant 1954, l'année où Khroutchev, secrétaire du
Parti Communiste, l'avait transférée à la République soviétique d'Ukraine.
C'était l'allégresse, parmi les politiques, et dans chaque foyer
où l'on suivait les choses en direct à la télé. Le salon Saint-Georges croulait
sous les applaudissements, à peu près aussi intensément que lorsque le Congrès
US avait applaudi Netanyahu. Les Russes étaient immensément fiers: ils se
souviennent encore de leur humiliante défaite de 1991, quand leur pays s'était
vu rabaissé. Regagner la Crimée, c'était une revanche extraordinaire. Il y a eu
des festivités dans toute la Russie et particulièrement en Crimée. On exultait.
Les historiens ont comparé ces événements avec la restauration
de la souveraineté russe sur la Crimée en 1870, presque vingt ans après que la
Guerre de Crimée s'était achevée par la défaite de la Russie, et que la France
et la Grande Bretagne victorieuses eurent imposé des limites sévères aux Russes
en Crimée. La Flotte en Mer Noire va pouvoir se déployer librement à nouveau, ce
qui permettra de défendre la Syrie lors du prochain round. Les Ukrainiens ont
laissé se dégrader les installations navales et ont fait de la base de
sous-marins de Balaklava un abattoir, mais le potentiel est toujours là.
Outre le plaisir de récupérer ce bout de territoire, il y avait
le plaisir d'avoir roulé l'adversaire. Les néo-cons avaient bricolé le coup
d'État en Ukraine, et ont poussé le malheureux pays à la catastrophe, mais le
premier fruit tangible de cette initiative, c'est la Russie qui l'a récolté.
Une nouvelle histoire juive fait le tour du pays depuis la
semaine dernière:
Le président israélien Shimon Peres demande au président russe:
- Dis donc, Vlady, tu as des ancêtres juifs?
- Poutine: Qu'est-ce qui te fait penser une chose pareille, mon
Shimon?
- Peres: Tu es arrivé à faire raquer cinq milliards de dollars*
aux Américains pour qu'ils livrent la Crimée à la Russie. Même pour un juif,
c'est gonflé!
(*allusion à l'aveu de Victoria "Fuck UE" Nuland, selon laquelle
c'est la somme investie par les US pour "démocratiser" l'Ukraine, autrement dit
la déstabiliser.
Le président Poutine a arraché la victoire des crocs de la
défaite, et l'hégémonie Us en a pris un coup.
Les Russes ont adoré voir leur représentant à l'Onu Vitaly
Churkin riposter à une agression de la part de la représentante US Samantha
Power. Cette Irlandaise de naissance était à deux doigts de lui tomber dessus à
bras raccourcis, lui vieux diplomate à cheveux gris, et lui criait: "la Russie a
été battue (on suppose qu'elle se référait à 1991) et elle est censée en subir
les conséquences!... La Russie menace les US avec son armement nucléaire!";
Churkin la priait alors de ne pas le toucher et de cesser de lui postillonner au
visage. Ce n'était pas leur première rencontre hostile: un mois plus tôt,
Samantha accueillait un duo de Pussy Riot, et Churkin s'est moquée d'elle, lui
suggérant de se joindre à elles pour leur prochaine tournée en concert.
Le rôle des néo-cons dans le coup d'Etat de Kiev a été mis en
lumière par deux déballages indépendants. Le merveilleux Max Blumenthal et Rania
Khalek ont montré que la campagne anti-russe de ces derniers mois
(manifestations de gays, affaire Wahl, etc.) avait été organisée par le PNAC
néo-con et sioniste (maintenant rebaptisé FPI) que dirige Robert Kagan, le mari
de Victoria "fuck UE" Nuland. Il semblerait que les néo-cons soient bien décidés
à couler la Russie par tous les moyens, alors que les Européens seraient
beaucoup plus souples; n'oublions pas que les troupes US restent stationnées en
Europe, et que le Vieux continent n'est pas tellement libre d'agir comme il le
voudrait.
Le second dévoilement, on le tient dans une interview donnée par
Alexander Yakimenko, chef des Services secrets ukrainiens (SBU) qui s'était
sauvé en Russie tout comme son président. Yakimenko a accusé Andrey Parubiy,
l'actuel tsar de la sécurité, d'avoir passé un accord avec les Américains. Sur
instructions US, il a livré les armes et fourni les snipers qui ont tué environ
70 personnes en quelques heures. Ils avaient tiré sur la police anti-émeutes et
sur les manifestants, sans distinction.
Le complot ourdi par les néo-cons américains visait à empêcher
les Européens de s'entendre avec le président Yanoukovich, voilà ce qu'a déclaré
le chef du SBU. Ils étaient d'accord sur presque tout, mais c'est Victoria
Nuland qui voulait saboter l'accord d'association, ce qu'elle a fait, avec
l'aide de quelques snipers.
Et les snipers ont resservi à nouveau en Crimée: un sniper a
abattu un soldat ukrainien, et quand les forces d'auto-défense criméennes ont
commencé à le prendre en chasse, il a tiré sur eux, en a tué un et blessé un
autre. Même schéma; les snipers sont utilisés pour provoquer des ripostes et
déclencher une fusillade généralisée.
Novorossia
La Crimée, c'était une promenade de santé, mais les Russes ne
sont pas au bout de leurs peines. La confrontation s'est déplacée dans les
provinces de l'Est et du Sud-Est de l'Ukraine continentale, qui s'appelait
Nouvelle-Russie jusqu'à la Révolution communiste de 1917. Soljenitsyne dans ses
vieux jours avait prédit que la désintégration de l'Ukraine viendrait de la
charge excessive constituée par les provinces industrielles qui n'avaient jamais
appartenu à l'Ukraine avant Lénine, en d'autres termes, la Nouvelle-Russie
russophone. Cette prédiction est en passe de réaliser.
Qui se bat contre qui, par là-bas? C'est une grave erreur que de
considérer qu'il s'agit d'un conflit tribal, entre Russes et Ukrainiens. Ce bon
vieux Pat Buchanan est tombé le panneau quand il a dit "Poutine est un
ethno-nationaliste qui croit au sang et à la terre, au trône et à l'autel, qui
se voit en Protecteur de toutes les Russies et voient les Russes à l'étranger
comme les Israéliens voient les juifs du monde entier, comme des gens dont la
sécurité dépend d'Israël." Rien n'est plus loin de la vérité: quoique peut-être
il soit encore plus aberrant d'imaginer Poutine en restaurateur de l'empire
russe.
Poutine n'est pas un bâtisseur d'empire du tout (ce que
regrettent tant les communistes que les nationalistes). Pour son hold-up sur la
Crimée, ce sont les habitants de la Crimée, décidés à tout, qui lui ont forcé la
main, avec l'agression sans fard du régime de Kiev. Je le tiens de quelqu'un de
sérieux; Poutine espérait qu'il n'aurait pas à prendre de décision. Mais une
fois qu'il se décide, il y va.
L'idée d'un "ethno-nationaliste" selon Buchanan nous égare
encore plus. Les ethno-nationalistes en Russie sont les ennemis de Poutine; ils
soutiennent les ethno-nationalistes ukrainiens, et marchent main dans la main
avec les libéraux juifs dans les manifestations à Moscou. L'ethno-nationalisme
est aussi étranger aux Russes qu'aux Anglais. On peut s'attendre à rencontrer
des nationalistes gallois ou écossais, mais un Anglais nationaliste c'est une
rareté. D'ailleurs la Ligue de Défense Anglaise avait été créée par un juif
sioniste. De même, on trouve facilement des nationalistes ukrainiens, ou
biélorusses, ou cosaques, mais pratiquement jamais russes.
Poutine promeut un monde russe non nationaliste. Mais qu'est-ce
donc que le monde russe?
Le monde russe
Les Russes embrassent dans leur propre vaste univers plusieurs
unités ethniques d'origine variée, depuis les Mongols et les Caréliens,
jusqu'aux Juifs et aux Tatars. Jusqu'en 1991, ils peuplaient un territoire
encore plus étendu, appelé alors l'Union soviétique, et auparavant l'empire
russe, où le russe était la lingua franca et la langue d'usage courant pour la
majorité des citoyens. Les Russes ont pu constituer leur énorme empire parce
qu'ils ne discriminaient pas et ne tiraient pas la couverture à eux. Le
tribalisme leur est étonnamment étranger, quelque chose d'inouï dans d'autres
pays plus petits d'Europe, mais c'est comparable à ce qui se passe dans d'autres
nations impériales d'Orient, les Chinois de la dynastie Han et les Turcs avant
l'ère des Jeunes Turcs et d'Atatürk. Les Russes n'assimilaient pas leurs
voisins, mais les acculturaient partiellement, de sorte que la langue et la
culture russes devenaient leur fenêtre sur le monde. Les Russes protégeaient et
défendaient les cultures locales, même à leurs dépens, parce qu'ils aiment cette
diversité.
Avant 1991, les Russes défendaient une vision du monde
universaliste et humaniste; le nationalisme était pratiquement banni, et avant
tout l'ethno-nationalisme. Personne n'était persécuté ou discriminé à cause de
son origine ethnique (d'accord, les juifs se plaignaient, mais ils se plaignent
toujours). Il y avait une certaine discrimination positive dans les républiques
soviétiques, par exemple un Tadjik avait la priorité pour étudier la médecine
dans la république du Tadjikistan, avant un Russe ou un Juif; et il avait plus
de chance de promotion dans le parti et la politique en général. Mais l'écart
restait faible.
Après 1991, cette vision du monde universaliste s'est trouvée
combattue par un ethno-nationalisme de clocher dans chacune des républiques
soviétiques, à l'exception de la Russie et du Belarus. La Russie n'était plus
soviétique, mais elle gardait son universalisme. Dans les républiques, les gens
de culture russe étaient sévèrement discriminés, souvent chassés de leurs
emplois, et même parfois pourchassés ou abattus. Des millions de Russes, des
autochtones dans ces républiques, devinrent des réfugiés; avec eux, des millions
de non-russes qui préféraient la culture universaliste à leur "propre"
nationalisme chauvin partaient s'installer en Russie. Voilà pourquoi la Russie
moderne a des millions d'Azéris, d'Arméniens, de Géorgiens, de Tadjiks, de
Latviens et d'autres groupes ethniques plus petits de toutes les républiques.
Malgré la discrimination, des millions de Russes et de gens de culture russe
sont restés dans ces républiques où leurs ancêtres avaient vécu depuis des
générations, et la langue russe est devenue un territoire commun pour toutes les
forces non-nationalistes.
Si l'on veut faire la comparaison avec Israël, comme le fait Pat
Buchanan, ce sont les républiques comme l'Ukraine, la Géorgie, l'Ouzbékistan, et
l'Estonie qui suivent le modèle israélien de discriminations et de persécutions
contre leurs "minorités ethniques", tandis que la Russie suit le modèle
égalitaire de l'Europe occidentale.
France contre Occitanie
Si l'on veut comprendre le problème entre Ukraine et Russie, il
faut faire la comparaison avec la France. Imaginez le pays divisé en France du
Nord et France du Midi, le Nord gardant le nom de France, et le Midi choisissant
de s'appeler "Occitanie", ses habitants devenant des Occitans, et sa langue
l'occitan. Le gouvernement d'Occitanie forcerait les gens à parler provençal, à
apprendre les poèmes de Frédéric Mistral par cœur, et on apprendrait aux enfants
à détester les Français, qui avaient dévasté la merveilleuse Provence lors de la
Croisade des Albigeois en 1220. En France on grincerait des dents, forcément.
Imaginez maintenant qu'au bout de vingt ans, le pouvoir en Occitanie se trouve
violemment confisqué par quelques fascistes romantiques et méridionaux
souhaitant "éradiquer 800 ans de domination franque", et prétendant discriminer
tous ceux qui préféreraient parler la langue de Victor Hugo et d'Albert Camus.
La France se trouverait bien obligée d'intervenir pour défendre les
francophones, ne serait-ce que pour contenir une inondation de réfugiés. Il est
probable que les francophones de Marseille et de Toulon choisiraient de soutenir
le pays d'Oïl contre leur "propre" gouvernement d'Oc, sans pour autant
constituer des immigrés en provenance de Normandie.
Poutine défend tous les russophones, toutes les minorités
ethniques, telles que les Gagaouzes ou Abkhazes, et pas seulement les Russes
ethniques. Il défend le monde russe, tous ces russophones qui veulent et
requièrent sa protection. Ce monde russe inclut, qu'on le veuille ou non, une
majorité des habitants de l'Ukraine, les Russes ethniques, les juifs, de petits
groupes ethniques et des Ukrainiens ethniques, en Nouvelle Russie comme à Kiev.
Oui, le monde russe était et reste attirant. Les juifs y étaient
heureux d'oublier leur schtetl et leur patois yiddisch; leurs meilleurs poètes
Pasternak et Brodsky écrivirent en russe et se considéraient eux-mêmes comme des
Russes. Ce qui n'empêchait pas d'autres poètes mineurs de s'exprimer à titre
personnel en yiddisch. Les Ukrainiens, de même, se servaient du russe pour la
littérature, mais gardèrent longtemps leur patois dialectal à la maison, entre
eux. Il y eut quelques Romantiques mineurs pour créer en patois, comme Taras
Chevtchenko et Lesya Ukrainka.
Soljenitsyne lui-même écrivit jadis: "Même les Ukrainiens
ethniques n'utilisent pas et ne savent pas l'ukrainien. Pour promouvoir l'usage
de cette langue locale, le gouvernement ferme les écoles russes, interdit la
télévision russe, et les bibliothécaires ne sont pas autorisés à parler russe
avec leurs lecteurs. Cette position anti-russe de l'Ukraine, c'est exactement ce
que veulent les USA pour affaiblir la Russie."
Poutine dans son discours sur la Crimée a souligné qu'il voulait
protéger le monde russe partout en Ukraine. En Nouvelle Russie le besoin est
grand, parce qu'il y a des confrontations journalières entre les habitants et
les gangs envoyés par le régime de Kiev. Alors que Poutine ne veut pas encore
s'emparer de la Nouvelle Russie (ce que souhaitait Soljenitsyne et ce qui est le
sentiment général en Russie) il se pourrait qu'il s'y trouve forcé, comme il l'a
été en Crimée. Il y a un moyen d'éviter cela: que l'Ukraine rejoigne le monde
russe. Tout en gardant son indépendance, l'Ukraine doit garantir la pleine
égalité à ses russophones. Ils devraient pouvoir rouvrir leurs écoles en russe,
leurs journaux et télévisions en russe, avoir le droit de parler russe partout.
La propagande anti-russe doit cesser, et les velléités de rejoindre l'OTAN
aussi.
Il n'y a rien d'extraordinaire dans cette revendication: les
Latinos aux USA ont le droit de parler espagnol. En Europe, l'égalité des
langues et des cultures n'est pas négociable. Il n'y a que dans les républiques
ex-soviétiques que ces droits sont bafoués, pas seulement en Ukraine, mais aussi
dans les républiques baltes. Pendant vingt ans, la Russie se contentait
d'objecter faiblement, lorsque les russophones (la majorité d'entre eux ne sont
pas des Russes ethniques) se trouvaient discriminés dans les États baltes. Ceci
devrait changer. La Lituanie et La Lettonie ont d'ores et déjà payé le prix pour
leur position anti-russe, en perdant leur rôle su la route du commerce avec la
Russie. L'Ukraine est beaucoup plus importante pour la Russie. A moins que le
régime actuel soit capable de changer (ce qui est peu probable), ce régime
illégitime sera renversé par les habitants, et la Russie se prévaudra du droit
d'ingérence humanitaire contre les éléments criminels au pouvoir s'ils ne cèdent
pas.
La majorité des Ukrainiens seraient probablement d'accord avec
Poutine, quelle que soit la catégorie ethnique où ils se rangent. Car de fait,
lors du référendum de Crimée, les Ukrainiens et les Tatars ont voté en masse
avec les Russes. Ce qui est un signe positif: il n'y aura pas de conflit
ethnique en Ukraine orientale, malgré les efforts US en ce sens. Le moment des
choix se rapproche: certains experts estiment que vers la fin mai la crise
ukrainienne sera derrière nous.
Traduction : Maria Poumier
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