Le gâteau empoisonné de
Melanie Phillips
[Critique par Israel Shamir de l’ouvrage
Le Monde sens dessus dessous (The World Turned Upside Down) de Melanie
Phillips, à paraître dans Culture Wars (nous en présentons ici un premier
aperçu à nos lecteurs). Traduction: Marcel Charbonnier.
L’éditorialiste Melanie Phillips a
découvert la
recette du Capitaine Crochet, et elle l’a utilisée pour préparer son dernier
livre ; c’est une salade appétissante, mais dangereuse à consommer. Bien des
pages peuvent en être consommées sans danger, mais une fois que le lecteur a
succombé au message de réconfort spirituel envoyé par Mme Phillips, le pur
poison de ses conclusions fait son effet. Le pire, dans tout ça, c’est que ce
venin vise les meilleurs et les plus brillants, comprenez vous et moi.
M. Phillips s’oppose à quoi nous nous
opposons nous-mêmes, et elle présente notre position à la perfection. Elle
rejette le New Age, les cultes païens et la « kabbale » à la mode Madonna ; elle
n’aime pas l’immigration massive et elle regrette le déclin de l’Eglise ; elle
défend les catholiques qui s’opposent à un enseignement pro-homosexuels et aux
politiques d’adoption. Elle est contre l’avilissement des hommes au nom de la
protection des femmes, comme dans le procès fait à Julian Assange. Elle nous a
confectionné un gâteau que nous pouvons réellement déguster; le seul problème,
c’est que le glaçage en a été contaminé par la strychnine de la suprématie
juive. Rappelez-vous que cette même Melanie Phillips avait été la grande
inspiratrice du tueur fou norvégien Breivik, qui s’exaltait à son sujet et qui
la citait abondamment. Un écrivain n’est pas en cause, c’est certain, lorsqu’un
de ses fans pète les plombs. Mais le poison de la judéophilie obsessionnelle de
Breivik, cette judéophilie qui faisait qu’il était attiré par M. Phillips, a
servi à farcir son bouquin. Si vous devez absolument le lire, faites attention
d’y aller doucement, par petites bouchées, comme un poisson happe de loin
l’asticot appétissant accroché à l’acier mortel d’un hameçon.
M. Phillips débute par une recommandation
raisonnable : les gens devraient être autorisés à avoir leur propre avis et à
dire ce qu’ils pensent, même si leur dégaine traditionnelle n’est pas conforme
aux idées postmodernes. Aussi longtemps que M. Phillips en appellera à plus de
tolérance envers des traditions contredisant la nouvelle hégémonie, nous
l’applaudirons. Comme tous les grands progressistes, elle a de l’empathie pour
le triste sort de ces nouveaux dissidents, des gens qui ne croient pas au
réchauffement planétaire ou au darwinisme, des gens qui résistent aux charmes de
l’homosexualité, et la majorité silencieuse de ceux qui continuent à croire en
Dieu. Elle ne dit pas qu’ils ont raison, elle dit simplement qu’ils ne devraient
pas être persécutés.
Elle fait un sort aux arguments concernant
Darwin -l’homme- et ses rejetons dégénérés, les darwinistes d’aujourd’hui. Elle
fait observer que le darwinisme est devenu une nouvelle religion tournant le dos
à la raison, une religion dont les adeptes sont tous aussi fanatiques les uns
que les autres. « Ce n’est pas la croyance que la Création soit inexacte qui
dérivait du darwinisme, c’est le darwinisme qui dérivait de la conviction que la
Création était un mensonge ».
Elle nous rappelle que le darwinisme n’a
jamais été démontré. C’est une théorie que de nouvelles découvertes semblent
remettre en cause. Elle n’est pas créationniste ; son cœur penche pour le
Dessein Intelligent (Intelligent Design – ID), une théorie qui interpelle
aussi bien de nombreux croyants que de nombreux sceptiques.
Les partisans de cette théorie comprennent
à quel point il est peu vraisemblable que des formes de vie évoluées se soient
développées dans ce bas-monde par pur hasard. Ils emploient la célèbre maxime de
Sherlock Holmes, et ils admettent l’improbable vérité d’un créateur intelligent,
qu’il s’agisse de notre concept traditionnel de Dieu ou de quelque chose de plus
à la mode, comme par exemple un extraterrestre. Cette théorie de l’ID transcende
les murs qui séparaient les modernistes des croyances de leurs ancêtres.
Phillips fait observer que des scientifiques ont été virés et que leurs
publications ont été interdites de publication parce qu’ils ont eu la témérité
de soutenir la thèse de l’ID ou, cas de plus en plus fréquent, parce qu’ils ont
rejeté la théorie du réchauffement planétaire.
Elle explique que le réchauffement
planétaire n’est pas un fait avéré, mais une marotte passagère, d’ores et déjà
remise en cause par nombre d’expérimentations. Mais elle note que même si cette
théorie était universellement admise, elle n’en justifierait pas pour autant
cette offensive féroce contre les sceptiques. Toutefois, alors que M. Phillips
approuve les dissidents et les négationnistes de l’évolution et du changement
climatique, sa largeur de vues ne vas pas du tout jusqu’à offrir le même
traitement aux dissidents et aux dénégateurs de l’Holocauste. Elle est aussi
impitoyable envers les sceptiques de l’Holocauste que Dawkins l’est envers les
sceptiques de l’évolution. Phillips n’ira pas non plus jusqu’à défendre les
scientifiques qui nient que le virus HIV soit l’agent du Sida. Les gens qui
mettent en doute la version officielle des attentats du 11 septembre 2001 ne
trouveront aucun soutien dans son livre. M. Phillips esquive l’accusation
d’hypocrisie en qualifiant ces théories de « conspirationnistes » ; elle refuse
aux « cinglés » de la théorie du complot l’indulgence qu’elle exige envers les
causes ayant ses préférences. Et pourtant Melanie Phillips est carrément une
négationniste elle-même. Elle nie que Bush et Blair aient jamais justifié la
guerre contre l’Irak en invoquant les armes de destruction massive de Saddam
Hussein (alors que nous en gardons tous le souvenir) ; elle nie qu’Israël ait
assassiné l’enfant Muhammad Al-Durra (alors que nous avons tous assisté à ce
meurtre en direct) ; enfin, elle va jusqu’à nier l’existence même du lobby
pro-israélien aux Etats-Unis (alors que nous en ressentons tous la présence).
Pour elle, le livre pondéré de Walt et Mearsheimer Le lobby pro-israélien et
la politique étrangère des Etats-Unis (The
Israel Lobby and U.S. Foreign Policy) n’est rien d’autre qu’une
« version moderne des Protocoles des Sages de Sion ».
Au sujet de la fausse dichotomie entre
science et foi, Phillips maintient que la foi mène à la science. « L’univers est
ordonné », cite-t-elle, parce qu’il a été créé par Dieu et que, par conséquent,
il peut être exploré, et ses lois peuvent être formulées. Là, nous disons :
excellent ! Elle a trouvé un Logos en béton, un principe définitif, que nous
pouvons donc appliquer en toute circonstance ? Ah ben non, zut : pas tout à
fait : le particularisme juif continue à être l’exception lassante à la règle.
« Ce n’est pas la religion de manière générale, mais bien la Bible hébraïque
[authentique !] en particulier qui a donné naissance à la science occidentale ».
Elle met la science sur un pied d’égalité avec Dieu, pour immédiatement
l’attribuer aux Hébreux, en privatisant essentiellement l’Ecriture Sainte.
Pourquoi singularise-t-elle le Tanakh hébraïque ? Pourquoi pas la Septante
grecque ou la Vulgate latine ? Pourquoi pas la totalité de la Bible du roi
Jacques Ier ? Parce que, explique Phillips, il y a un mariage parfait entre la
religion et la raison, dans le judaïsme. Apparemment, elle ignore totalement le
fait que les juifs n’avaient pas la moindre idée de ce qu’est la science avant
que celle-ci ne soit venue à eux via les pays qui les accueillaient.
De la même manière, les avancées des juifs
en matière d’idéologie et de théologie étaient de manière générale empruntées à
leurs voisins chrétiens et musulmans, qu’il s’agisse du rationalisme de
Maïmonide ou de celui des kabbalistes mystiques. Au 15e siècle, le
savant juif Abraham Zacuto a décrit la manière dont les juifs avaient puisé
leurs connaissances scientifiques chez les Gentils. M. Phillips est bien trop
prompte à troquer l’histoire contre l’idéologie.
Ensuite, elle s’attaque à la situation
actuelle en Angleterre. Ce qu’elle voit ne lui plaît pas : la subversion de
l’Eglise anglicane, l’immigration massive, l’abandon des standards éducatifs, la
déconstruction de la culture, les vagues de divorces et d’avortements. Qui
pourrait ne pas être d’accord avec elle à ce sujet ? L’Angleterre est à n’en pas
douter dans de sales draps. Les politiques néolibérales ont sapé les gens les
plus plombés qui soient sur terre : ces Britanniques indéniablement
travailleurs, prudents, obéissants, pincés de la lippe et rougeoyants ; ces gens
qui par le passé ont gouverné l’Inde, brûlé la Maison Blanche et tenu tête à la
folie d’Hitler. La colonne vertébrale du peuple britannique, les mineurs du
Yorkshire et les métallos de Sheffield, ont été cassés par leur marchande de
légumes en gros de Golders Greene, alias la Dame de Fer. Thatcher a fermé les
usines du Royaume-Uni et elle a fait des îles britanniques un paradis pour les
pirates comparable à l’île de la Tortue, un endroit où les financiers peuvent se
relaxer, s’éclater et ourdir leurs raids. L’Angleterre est devenue le repaire
des Al Fayed ou Abramovich et de millions d’immigrants importés pour les
servir.
L’Angleterre est désormais la société la
plus athée qui soit au monde. Des bus ornés d’affiches proclamant « Il n’y a
vraisemblablement pas de Dieu » sillonnent Londres. Dans le théâtre Globe, des
pièces médiévales britanniques continuent à être mises en scène (Les Mystères,
censés être un remake de la production de Tony Harrison de 1977), mais elles en
diffèrent de manière choquante : les versions présentées aujourd’hui sont
ouvertement antichrétiennes. La Sainte Vierge est présentée aujourd’hui sous les
traits d’une jeune pute de couleur portant la minijupe. A la place du
grand-prêtre des Juifs et de sa clique du Sanhédrin, les méchants sont
maintenant des prêtres chrétiens en soutane. Aucune voix de protestation ne
s’est élevée en Angleterre. Mais vous pouvez être certains que si la metteuse en
scène Deborah Bruce avait laissé les personnages des rabbins dans leurs rôles
traditionnels, nous n’aurions pas cessé d’en entendre parler.
J’y vois un signe de la victoire totale de
l’esprit juif, un esprit qui a été porté aux nues par Milton Friedman et qui a
été rejeté par Karl Marx : l’esprit du capitalisme financier. Les juifs ont
remporté toutes leurs batailles : ils ont promu l’immigration, ils ont soutenu
Thatcher, ils se sont tenus aux côtés de Friedman, ils ont nié le Christ et ils
ont démantelé l’Etat Providence. Les résultats, pour la vaste majorité des gens,
sont désastreux, comme à chaque fois que les juifs gagnent. Mais Melanie
Phillips préfère ne pas leur en attribuer la responsabilité. A ses yeux, ces
observations banales ne sont rien d’autre que des attaques ad hominem
contre la juiverie : « Les préceptes du judaïsme, la Bible hébraïque et le
peuple juif sont la cible sous-jacente du vacarme autour des questions sociale,
culturelle et morale que sont le réchauffement planétaire anthropique, le
darwinisme, la guerre contre l’Irak et, bien entendu, Israël. ». Mais son culot
juif, sa chutzpah, ne s’en tient pas là ; elle affirme que « les valeurs
essentielles de la civilisation occidentale sont fondées sur les enseignements
et le destin du peuple juif, auxquels elles sont profondément mêlées ».
N’importe quel petit oiseau verra dans un
tsunami un désastre personnel, tout en remisant les villes entières détruites au
rang des dommages collatéraux. C’est ainsi que M. Phillips voit le monde :
« Bien que dans la guerre entre le matérialisme et la religion, la victime
principale ait été le christianisme, la véritable cible a toujours été la foi de
la Bible hébraïque ». Cette affirmation d’une myopie incroyable dévoile sa
philosophie essentialiste. Phillips est judéocentrique et narcissique (deux
qualités juives éminentes) d’une manière morbide. Si, demain, la Une du Times
hurle : « HOLOCAUSTE NUCLEAIRE : DEUX MILLIARDS DE MORTS », gageons qu’elle
expédiera dare-dare une lettre à son rédacteur en chef pour s’insurger contre
l’utilisation du mot en H, car « comment osez-vous comparer ?! »
A ses yeux, les juifs ont toujours raison.
S’ils ont un défaut, c’est celui d’être trop gentils, trop bons et trop désireux
de plaire. Alors que M. Phillips dit clairement que les juifs souffrent, avec
nous qui ne le sommes pas, elle semble ne pas comprendre que beaucoup de ces
juifs ont œuvré activement (et publiquement) à la ruine du Royaume-Uni et des
Etats-Unis. Pourquoi ont-ils fait cela ? Ils l’ont fait parce qu’ils n’ont pas
compris qu’eux aussi souffriraient de l’effilochement de la société. Ils ont
pensé, comme dans la blague juive, que ce serait partout Shabbat, mais que les
rabbins resteraient dans un vendredi éternel. Une
toute petite minorité de juifs a accédé au sommet ; les autres paient le
prix du soutien bruyant qu’ils ont apporté à leurs congénères.
M. Phillips consacre quelques chapitres au
Moyen-Orient. Elle adore l’Etat juif et elle abhorre les Palestiniens, et les
musulmans de manière générale. Elle cite les mêmes sources que Breivik dans son
Manifeste et elle en arrive aux mêmes conclusions que lui. Si vous avez
lu Frontline Magazine, vous êtes familiarisé avec ce genre de harangue.
Quand Phillips s’oppose au matérialisme contemporain, vous auriez tendance à la
prendre pour une grenouille de bénitier des Homes Counties, mais quand elle
aborde la question de l’islam et celle des juifs, elle devient une furie
hurlante.
Sa haine des Palestiniens (pourquoi ne
peuvent-ils pas, tout simplement, libérer le plancher ?) nous aide à
comprendre sa vision du christianisme. Phillips n’est pas contre le
christianisme en tant que tel (sinon, elle écrirait pour un lectorat
différent) ; elle imagine pour nous un christianisme-pour-goyim totalement
judaïsé, dompté, une foi au rabais pour non-juifs. Les membres de la
pseudo-chrétienté de Melanie Phillips demanderont quotidiennement au Seigneur de
leur permettre de mieux servir les juifs. Elle nie la Super-cession (qui fait de
l’Eglise le Verus Israël, ndt), même si celle-ci est au fondement du dogme
chrétien. Elle est choquée par le fait que les chrétiens considèrent être le
Véritable Israël. Et les juifs, alors ? hurle-t-elle. Les chrétiens
éduqués comprennent que les juifs d’aujourd’hui n’ont aucun titre valable à être
Israël (le peuple élu de Dieu) ; ce sont de faux prétendants. Ce titre
appartient désormais et à jamais à l’Eglise chrétienne [pour plus d’informations
à ce sujet, voir mon livre La Kabbale du Pouvoir,
Cabbala of Power, et en français le chapitre PARDES, dans La Bataille du
Discours, BookSurge, 2008,
http://livre.fnac.com/a2491347/Israel-Adam-Shamir-La-bataille-du-discours].
Ce qu’il y a de plus frappant, dans le
livre de Melanie Phillips, c’est son obsession pour la Nation juive élargie :
pour elle, la centralité absolue des juifs dans ce bas-monde est une donnée de
fait. Elle se fait l’exact miroir des penseurs athées (néanmoins toujours
obsédés par les juifs) de la fin du 19e et du début du 20e
siècle, qui voulaient réformer les juifs. Comme eux, elle semble ne pas
comprendre que pour les chrétiens, il n’y a pas de Question juive qu’il
faudrait résoudre, et que nous ne devons pas non plus mettre les juifs sur un
piédestal.
Pour nous, les juifs ne sont pas au centre
de tout. Ils sont une faction puissante, qui soutient généralement les tendances
antichrétiennes de la société, sans en occuper le centre. Phillips prouve
au-delà de tout doute que quand les juifs commencent à faire leur petite cuisine
avec la chrétienté, le résultat est pur poison.
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