Désavouer Abunimah ou accepter de débattre avec lui?
par Israël Adam Shamir
[Après la parution
de
La parabole d'Esther, par Gilad Atzmon, aux éditions Demi-Lune (), livre
qui fait beaucoup de vagues sur l'internet anglophone, Shamir avait publié un
avis
critique;
Cela ne
l'empêche pas de le défendre contre les faux amis arabes qui se rangent du côté
de la censure sioniste!]
Désavouer Abunimah
ou accepter de débattre avec lui, voilà la vraie question. Un citoyen américain,
né en Jordanie, qui n'a jamais mis les pieds en Palestine, a décidé d'ostraciser
Gilad Atzmon, palestinien natif, puisque "sabra", qui est né et a été élevé en
terre palestinienne. La prochaine fois , il va interdire les tremblements de
terre et les ouragans, au point où il en est.
Pour moi, tout cela
a un air de déjà-vu. Il y a une dizaine d'années, le même Abunimah et son
compagnon libanais obèse m'avaient pourchassé, et ils avaient réussi à me bouter
hors du mouvement de soutien aux Palestiniens, en disant que sans Shamir, ils
vaincraient plus vite. Dix ans sont passés, et le mouvement n'a jamais retrouvé
le niveau qu'il avait alors. Ce phénomène qui se répète avec Gilad prouve qu'Abunimah
n'est qu'un "chien de garde" à la solde de ses amis sionistes juifs. Ils le
rémunèrent dans la monnaie qu'il affectionne: ils lui font de la publicité, et
lui donnent accès aux media qui ont des propriétaires juifs. Alors que personne
ne le connaissait, voilà que ses articles ont commencé à être publiés dans des
journaux américains importants. Quelques juifs amicaux l'ont encensé avec son
Electronic Intifada. Le but, c'est de maintenir le discours dans les limites
autorisées.
Rien d'étonnant
là-dedans: le discours palestinien est lourdement encadré; les juifs ne peuvent
pas permettre que l'on se répande librement, sans quoi ils n'obtiendraient pas
les résultats escomptés. Ils déforment donc le discours pro-palestinien en
utilisant leurs agents anti-sionistes comme les méprisables Roland Rance et Tony
Greenstein, et leurs valets palestiniens genre Abunimah. Il est facile de
comprendre qui fait le boulot à la place des juifs; dans la mesure où ils sont
autorisés à figurer dans les media dominants de façon régulière, il faut bien
qu'ils soient qualifiés d'ennemis.
Et malgré le dégoût
que je ressens chaque fois que son nom est mentionné, je dirais que même chez
Abunimah, il doit y avoir quelque chose à garder. Rappelez-vous Gollum, qui
contribua a détruire l'Anneau; même lui, avait servi à quelque chose au bout du
compte. Ne l'ostracisons donc pas, tolérons-le jusqu'à se que ses propres frères
s'occupent de cette sale bête de traître comme il le mérite.
Quant à Gilad, si
son dernier livre m'a déçu, parce qu'il fonçait lourdement dans le nombrilisme
éculé autour de l'identité juive, ce qui à mon avis, est une impasse, je
maintiens que tout écrivain et penseur devrait avoir le droit d'aller se fourrer
dans des impasses. De toute façon, personne ne nous oblige à lire ces
interminables rapports à la poursuite de l'âme. Cela ne l'a pas empêché d'écrire
des choses merveilleuses, et il en écrira encore bien d'autres, quand il en aura
fini avec sa quête d'âme.
Je le répète, ce
qu'il écrit rentre dans le cadre de la pensée juive, en partie dans la tradition
de Weininger et des premiers sionistes, en partie dans la ligne la plus récente
de la réflexion israélienne post-sioniste. Nos frère arabes ne s'en rendent
peut-être pas assez compte: leur interférence est complètement hors de propos
dans cette polémique entre juifs. Le plus important des détracteurs de Gilad est
l'héritier de la chaire de Edward Said à l'université de Columbia, Joseph
Massad, que je respecte pour son combat frontal contre l'internationale gay,
mais il a échoué à nouveau à comprendre le phénomène: il y a quelques années, il
proclamait qu'Israël Shahak, autre hérétique dans la nébuleuse juive, était un
antisémite.
Nos amis arabes
feront bien de rester en dehors de ce débat; laissez les juifs s'étriper autour
de leur identité. Gilad est leur champion de choc, dans le camp juif, ils
devraient le soutenir, au lieu de le décourager.
Traduction: Maria
Poumier
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